Présentation : Si l’égoïsme est le moteur de toutes les actions humaines, alors l’altruisme n’en est qu’une variante déguisée. Ceux qui se dévouent à autrui seraient mus par le désir narcissique de se donner une bonne image. On pressent que cette thèse est excessive. Mais l’est-elle moins que celle qui consiste à dire qu’il existe un altruisme rigoureusement désintéressé ?
En réalité, il convient de refuser l’opposition frontale entre l’intérêt de l’égoïste et le désintéressement sacrificiel de l’altruiste. L’altruisme n’exige pas le sacrifice de soi, parce qu’il conduit à l’épanouissement de soi. « L’altruisme authentique, c’est l’égoïsme de l’homme de bien », disait Léon Robin en commentant Aristote.
Mais pourquoi utiliser ici « égoïsme », terme connoté péjorativement ? C’est parce que la langue française ne dispose pas de mot pour traduire le grec philautia, l’amitié de soi qui n’est pas repli mais ouverture à la meilleure part de soi qui est aussi ouverture à autrui. L’égoïsme de l’homme de bien, c’est donc l’amitié que l’homme se porte à lui-même en tant qu’il est homme de bien. Le soi-même que l’on aime est « ce qui en soi-même est le moins vulnérable au changement des humeurs et des désirs » comme le dit Paul Ricœur.


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En savoir plus sur l'auteur Jacques Ricot .../...

 

Aller plus loin :

Michel Terestchenko, Un si fragile vernis d’humanité. Banalité du bien et du mal, La Découverte, 2006.

Paul Ricœur, Soi-même comme un autre, Seuil, 1990, p. 211-226.

Jacques Ricot, Leçon sur l’Éthique à Nicomaque d’Aristote, PUF, 2001.

 

Illustration ©Chaunu

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