Né en 1964, agrégé de philosophie, docteur de l’E.H.E.S.S. en études
politiques (Centre Raymond Aron), et maître de conférences de philosophie politique au Département de philosophie de
l’Université Pierre Mendès France-Grenoble 2. Chercheur dans l’équipe Philosophie, Langages & Cognition de cette université.
Mes recherches consistent en une enquête philosophique sur la pensée politique moderne.
Le premier volet de cette enquête est dominé
par l’étude de l’œuvre de Machiavel, en particulier celle des rapports
qu’elle entretient avec la tradition politico-historique de l’Antiquité. Le penseur florentin n’a jamais séparé interprétation de la politique et récit historique, si bien que pour saisir la portée de son entreprise,il convient de dégager les conditions originales d’une pensée qui n’est ni la philosophie politique, ni l’historiographie
traditionnelles. Il est par conséquent nécessaire de procéder à un
réexamen de la pensée machiavélienne, qui consiste à faire le point sur
l’historiographie politique dont Machiavel hérite, puis à élucider les modes de compréhension de la politique dans le temps historique proposés par sa doctrine. Cette recherche philosophique
s’accompagne d’un travail de traduction et d’une étude du vocabulaire employé
par le Florentin ; elle entend également penser le monde contemporain avec ou à partir de Machiavel. Dans le cadre du Master de Philosophie spécialité « Philosophie et Langages » de l’université de Grenoble 2,je propose par exemple pour l’année 2004-2005 un séminaire
portant sur « Les langues de la politique chez Machiavel : constitution
d’une logique pratique ».
Le second volet consiste en une interprétation philosophique des modes de comportement de la politique moderne ainsi
que des paradigmes qui les régissent.
D’une part, ma recherche actuelle prend la
forme d’une enquête sur les modèles philosophiques de l’obéissance, de
l’Antiquité au XVIIème siècle. Il s’agit de se situer en amont de l’essor de ce que
Michel Foucault a désigné comme les « savoir disciplinaires » et comme le « biopouvoir », qui modifient radicalement la problématique de l’autorité, cela sans pour autant perdre de vue l’ensemble de
l’histoire le la notion d’autorité. La recherche en histoire de la pensée
politique est ici encore motivée par un souci de penser philosophiquement le présent : le thème de la « crise actuelle de l’autorité » est
équivoque, du fait qu’il repose sur une idée de l’autorité qui n’a plus cours depuis longtemps, peut-être depuis l’avènement de la Modernité elle-même, et implique la prescription d’une forme d’obéissance qui apparaît incompatible avec les modes de la subjectivité et de
l’obligation qu’elle a adoptés. S’il apparaît nécessaire d’entreprendre
la constitution du concept positif de l’autorité moderne, à cette
fin la compréhension du geste de la philosophie classique est décisive,
par l’examen des différents modèles de relation d’obéissance qu’elle a élaborés, puis par leur confrontation. Mes récents travaux portent sur Bodin, sur Montaigne, et sur les Monarchomaques,
D’autre part, en observant de la différence del’ethos individuel et collectif impliqué par les deux modèles qui dominent notre tradition moderne, la république et la démocratie, il s’agit de déterminer quelles significations recouvre la notion de « discipline du citoyen ».
Cette étude est le thème de recherche que j’aichoisi pour le séminaire de philosophie politique proposé dans le cadre
du Master de Philosophie, spécialité « Philosophie et Langages », à
l’université de Grenoble 2. Elle consiste à déterminer quelles conceptions de la citoyenneté impliquent les régimes républicain et démocratique,
en se plaçant sur un terrain où la forme des institutions rencontre les mœurs qu’elles encadrent et les discours qui les légitiment, et en menant une enquête qui rapproche l’interprétation des textes
fondateurs de la philosophie politique moderne et l’analyse de situations
politiques dans l’histoire. La confrontation des « régimes de civisme »
de la république et de la démocratie montre qu’ils sont à certains
égards convergents et à d’autres très différents, et conduit à l’idée
que l’équivoque entre ces deux modèles est féconde pour appréhender
de nombreux aspects de l’histoire politique contemporaine. En
reconstituant, enfin, « l’ethos de la citoyenneté », il s’agit de déterminer
s’il existe un ordre d’obligation spécifique qu’on pourrait nommer la «
discipline du citoyen ». Si tel n’est pas le cas, dans quelle mesure le
comportement politique propre aux régimes modernes est-il réductible à
d’autres types de comportement (moral, social, économique) ?
Bibliographie :
Aux Éditions M-Éditer :
Machiavélisme ou Guerre et conflictualité dans la pensée de Machiavel dans La politique vol. 3, p.47-67 , M-Editer, 2005
Autres publications :
Eros philosophe. Une interprétation philosophique du Banquet de Platon : traduction du Banquet, suivie d’un essai « Le Banquet comme joute érotique » , Paris, Kimé, 1996, 155 pages.
Machiavel, Le Prince , traduction, annotations et commentaire, Paris, Hatier, collection « Les classiques de la philosophie », 1999, 192 pages.
Machiavel, la politique et l’histoire. Enjeux philosophiques , Paris, P.U.F., collection « Fondements de la politique », 2001, 270 pages.
Le vocabulaire de Machiavel , Paris, Ellipses Marketing, 2002, 62 pages.
Direction d'ouvrages et activité éditoriale
Machiavel. Le Prince ou le nouvel art politique (codirection avec Y.C. Zarka), P.U.F., collection « Débats philosophiques », 2001, 250 pages.
« Le travail sans fin. Métamorphoses sociales et amour du travail » (codirection avec Isabelle Laudier), dossier central du n°8 de la revue Cités (P.U.F.), 2001, p. 9-100.
L’idée de contrat social. Genèse et crise d’un modèle philosophique (codirection avec J.-P. Cléro), Paris, Ellipses Marketing, 2004, 172 pages.
« Compagnon Machiavel » (codirection avec Marie Gaille-Nikodimov) ouvrage d’environ 400 pages, à paraître aux éditions Ellipses-Marketing, fin 2004.
L’idée d’empire dans la pensée politique, historique, juridique et philosophique , actes du colloque de Grenoble, à paraître aux éditions L’Harmattan, courant 2005.
Articles :
« Platon et le concept de maladie dans la République » , Etudes philosophiques, n°3 de 1995, p. 355-373.
« Fonction architectonique et fécondité propre du concept d’expression selon Leibniz » , Cahiers philosophiques, numéro 63, juin 1995, p. 29-53.
« Politique et « discernement » de l’histoire selon Guichardin » : Critique , numéro 607, décembre 1997, p. 917-933.
« Ordini et tumulti selon Machiavel : la république dans l’histoire » , Archives de Philosophie, avril-juin 1999, tome 62-2, p. 221-239.
« Actualité de la recherche en philosophie politique en France » , Palaestra, volume 7/numéro 20, mars 2001, p.58-72.
« L’art du conseil politique » , Le Magazine Littéraire, numéro spécial « L’énigme Machiavel », n°397, avril 2001, p. 47-49.
« Philosophie politique et anthropologie de la férocité » , Raisons politiques, n°9, février 2003, p. 19-31.
« Prophétie, politique et action selon Machiavel » , Les Etudes philosophiques, n°3 de juillet-septembre 2003, p. 289-313.
« Concilier communauté des hommes et souveraineté mondiale : l’empire selon Dante » , à paraître dans Cités, n°20, octobre-novembre 2004.
« L’histoire dans les Discours sur la première décade de Tite-Live » , à paraître en 2004 dans le prochain numéro de L’Ecole des philosophes.
« L’autorité dans les Essais de Montaigne : nature et limite de la relation d’obéissance » , à paraître en 2004 dans le dossier « Montaigne politique » des Archives de Philosophie.
Contribution à des ouvrages collectifs
« La rupture machiavélienne dans la découverte du jeu social des passions » , dans Jean-Pierre Cléro (dir.), L’affectivité et la signification, Rouen, Presses Universitaires, 2000, p. 9-19.
« Qu’est-ce que la vertu républicaine ? Quelques remarques sur l’interprétation de Machiavel dans Le Moment machiavélien » , dans Michel Senellart et Gérald Sfez (dir.), L’Enjeu Machiavel, Paris, P.U.F., 2001, p. 241-246.
« Les mots du pouvoir et les modes de la pensée politique »
« La vérité effective de la politique et les qualités du prince. De l’exclusion de l’imagination à la révélation de l’efficacité symbolique ».
« Principauté et souveraineté chez Machiavel » , dans Gian Mario Cazzaniga et Yves Charles Zarka (dir.), Penser la souveraineté à l’époque moderne et contemporaine , Pise-Paris, Edizioni ETS/Vrin, 2001, volume I, p. 27-49.
De la perspective au perspectivisme : Machiavel et la nouvelle conception de l’espace à la Renaissance » , dans Jérôme Dokic, Philippe Drieux, René Lefebvre (dir.), Symboliques et dynamiques de l’espace, Rouen, Presses Universitaires, 2003, p. 63-79.
« Du serment au contrat dans la pensée des Monarchomaques » , p. 15-33.
« Anthropologie de la férocité et démocratie sauvage. Animalité et politique selon Machiavel » , dans Thierry Gontier (dir.), L’animalité à la Renaissance et à l’âge classique, Louvain, Peeters, à paraître en 2004.
« La place des Monarchomaques dans le débat sur les relations d’obéissance au XVIème siècle » , dans le dossier « la pensée des Monarchomaques » dirigé par Paul-Alexis Mellet, Archiv fûr Reformationsgeschichte, 2004.
Notes critiques
Martine de Gaudemar (dir.), La Notion de nature chez Leibniz et Leibniz, Discours de Métaphysique et Monadologie, préface, présentation et notes de Laurence Bouquiaux, recensions parues dans Les Etudes philosophiques, n° 1997/2, p. 280-283.
Jürgen Habermas, Droit et démocratie, note critique parue dans le n°1-2000 de Cités, p. 253-260.
Cornélius Castoriadis, Sur le Politique de Platon, dans le n°4-2000 de Cités, p. 215-219.
Henri Pena-Ruiz, Dieu et Marianne, Philosophie de la Laïcité, dans le n°4 de Cités, p.219-223.
« Machiavel : état bibliographique », note critique de synthèse pour le premier « Bulletin Renaissance » dans le n° des Archives de philosophie de mai 2001, p. 178-182.
Mario Turchetti, Tyrannie et tyrannicide de l’Antiquité à nos jours, à paraître dans le Bulletin Hobbes des Archives de philosophie, n°XII-2004.
Traductions :
Luigi Bonanate , « Norberto Bobbio, Profil bio-bibliographique » , dans la revue Cités – philosophie, politique, histoire, Paris, P.U.F., n°2-2000, p. 225-229.
Norberto Bobbio , « Progrès scientifique et progrès moral » , dans Cités, n°7-2001, p. 119-136.
Donatella della Porta , « Corruption et carrières politiques. Réflexions à partir du cas italien » , dans Comprendre, n°3-2002 : « Les hommes politiques », p. 165-187.
Emanuele Cutinelli-Rendina , « Eglise et religion chez Machiavel ».
Vidéothèque des Éditions M-Éditer :
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